samedi 20 octobre 2012

Les nouveautés
LA liste de mes envies Grégoire Delacourt On se ment toujours. Je sais bien, par exemple, que je ne suis pas jolie. Je n'ai pas des yeux bleus dans lesquels les hommes se contemplent ; dans lesquels ils ont envie de se noyer pour qu'on plonge les sauver. Je n'ai pas la taille mannequin ; je suis du genre pulpeuse, enrobée même. Du genre qui occupe une place et demie. J'ai un corps dont les bras d'un homme de taille moyenne ne peuvent pas tout à fait faire le tour. Je n'ai pas la grâce de celles à qui l'on murmure de longues phrases, avec des soupirs en guise de ponctuation ; non. J'appelle plutôt la phrase courte. La formule brutale. L'os du désir, sans la couenne ; sans le gras confortable. Je sais tout ça. Et pourtant, lorsque Jo n'est pas encore rentré, il m'arrive de monter dans notre chambre et de me planter devant le miroir de notre armoire-penderie - il faut que je lui rappelle de la fixer au mur avant qu'un de ces jours, elle ne m'écrabouille pendant ma contemplation. Je ferme alors les yeux et je me déshabille doucement, comme personne ne m'a jamais déshabillée. J'ai chaque fois un peu froid ; je frissonne. Quand je suis tout à fait nue, j'attends un peu avant d'ouvrir les yeux. Je savoure. Je vagabonde. Je rêve. Je revois les corps émouvants alanguis dans les livres de peinture qui traînaient chez nous ; plus tard, les corps plus crus des magazines. Puis je relève doucement mes paupières, comme au ralenti. Je regarde mon corps, mes yeux noirs, mes seins petits, ma bouée de chair, ma forêt de poils sombres et je me trouve belle et je vous jure qu'à cet instant, je suis belle, très belle même. Revue de presse Avec sa gagnante de l'Euro Millions, le roman de Grégoire Delacourt, La liste de mes envies, est la surprise de la rentrée. Et si la concierge de L'Elégance du hérisson était devenue mercière dans le Pas-de-Calais ? L'hypothèse peut sembler farfelue. Il est pourtant difficile de ne pas y songer à la lecture de La Liste de mes envies, roman phénomène de Grégoire Delacourt (51 ans). Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais son deuxième opus caracole en tête des meilleures ventes, avec près de 10 000 exemplaires en quinze jours... Grégoire Delacourt a produit un joli cocktail d'Ah ! si j'étais riche et de Bienvenue chez les Ch'tis, avec une pincée de Belle du seigneur. Citant à loisir Sauver l'amour, de Daniel Balavoine ("Qui pourra remplacer le besoin par l'envie ?"), l'auteur se défend de tout opportunisme. "J'avais simplement envie de rendre hommage à ces métiers du textile qui ont bercé mon enfance." La Liste de mes envies possède un charme naturel et une évidente efficacité. Si son héroïne a validé le ticket d'Euro Millions, c'est lui qui devrait empocher le pactole. (Baptiste Liger - L'Express, mars 2012 ) Avant même sa sortie, le 1er février, on réclamait le livre en Corée, au Japon, en Europe, et même aux États-Unis et en Chine : rarissime pour un roman français. Sans compter qu'on la verra bientôt sur grand écran, mais, chut ! pour l'instant, c'est confidentiel. Pourtant, s'il s'agit d'un phénomène éditorial, La liste de mes envies est avant tout un bijou littéraire.... On se sent incroyablement bien dans ce conte du renoncement, au chaud et en terre connue. Sans doute la grâce de l'écriture de Grégoire Delacourt, qui sait dire le "je" d'une femme avec une délicatesse émouvante, la vérité des êtres réconciliés et l'étrange douleur de la tendresse humaine. (Karine Papillaud - Le Point du 23 février 2012 ) Grégoire Delacourt s'est toujours joué des mots. On lui doit plusieurs slogans publicitaires, de ceux qui se gravent de manière indélébile dans cette «part de cerveau disponible». La «réclame» (c'est le terme qu'il emploie), même si elle se nourrit de mots, ne mène pas systématiquement à la littérature. Grégoire Delacourt a pris son temps... «Etre riche, c'est voir tout ce qui est laid puisqu'on a l'arrogance dépenser qu'on peut changer les choses. Qu'il suffit de payer pour ça.» Mais le hasard va réduire à néant l'équilibre qu'elle avait si patiemment construit. Cette fois, elle n'aura d'autre choix que de décider elle-même de sa vie, mais à quel prix ? Grégoire Delacourt applique à la littérature ce qui a fait son succès dans le monde de la publicité : trouver les mots justes pour provoquer le désir. (Véronique Cassarin-Grand - Le Nouvel Observateur du 1er mars 2012 )

On redémarre avec une annonce : La Bibliothèque participe pour la 3ème année, au Prix al Terre Ado 2017, qui fête cette année ses 10 ans...